Impossible de parler de médiocratie sans parler des électrons libres. Vous les connaissez, ces personnes qui dérangent en entreprise?
Trop d’idées, pas assez de respect des conventions, des compétences utiles et transversales, une tendance vraiment trop marquée à donner son avis…
Vous vous reconnaissez même? Dommage pour vous, la vie en entreprise ne sera pas de tout repos… Après tout, nous sommes peut-être bien en médiocratie!
C’est en tout cas ce que pense Alain Deneault, Docteur en Philosophie de l’Université Paris-VIII. Le débrouillard s’est penché sur la question.
Alain Deneault nous livre, dans son dernier ouvrage – La Médiocratie -, une édifiante lecture de notre société contemporaine.
La médiocratie, la promotion des médiocres
N’avez vous jamais eu l’impression que votre travail était dénué de toute substance? Que n’importe qui pourrait le faire? Qu’on vous demande simplement d’effectuer des tâches sans y réfléchir. Surtout sans y réfléchir d’ailleurs. Comme si vous n’étiez qu’une machine programmée par un autre?
« Aux yeux d’un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d’un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l’objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d’à peu près tout le monde, à l’exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires. »
Sa théorie de la promotion des médiocres en entreprise effectue une synthèse brillante entre le principe de Peter plus connu comme la théorie du maximum d’incompétence et les idées établies par William Genieys sur les difficultés d’avancement dans l’entreprise des éléments les plus compétents.
Les éléments perturbateurs, même brillants – surtout brillants! -, seront rejetés ou condamnés à stagner à un poste pour lequel ils sont bien souvent surqualifiés… Et encore, si jamais ils ont réussi à passer le cap de l’entretien d’embauche!
« Le système encourage l’ascension des acteurs moyennement compétents au détriment des super compétents ou des parfaits incompétents. Ces derniers parce qu’ils ne font pas l’affaire et les premiers parce qu’ils risquent de remettre en cause le système et ses conventions. Le médiocre doit avoir une connaissance utile qui n’enseigne toutefois pas à remettre en cause ses fondements idéologiques. L’esprit critique est ainsi redouté car il s’exerce à tout moment envers toute chose, il est ouvert au doute, toujours soumis à sa propre exigence. Le médiocre doit « jouer le jeu ». »
La médiocratie, un véritable boulet pour les structures
Ces éléments sont pourtant de véritables atouts pour l’entreprise. Si on leur laisse un peu de champ libre, leur esprit d’initiative et leurs idées novatrices permettront à l’ensemble de l’équipe de s’adapter bien plus aisément et rapidement.
Et si vous voulez mon avis, nous sommes tous – potentiellement – ces éléments brillants capables d’apporter changement bénéfique et adaptation. Certains sont juste plus doué que d’autres pour « jouer le jeu », jouer au médiocre et se conformer au moule pour ne pas y risquer leur avenir professionnel!
Sources:
- Les propos de l’auteur proviennent d’un entretien accordé à Télérama.
- Pour en savoir plus sur le maximum d’incompétence.
- Un condensé de la théorie de William Genieys sur l’avancement en entreprise.
- La Médiocratie d’Alain Deneault est paru chez Lux.
Tiens, je connaissait pas ce concept de médiocratie.
Merci pour la découverte.
En dehors de ce terme « médiocratie » je ne pense pas qu’il y ai du nouveau.
Quel est le rêve d’un employeur qui recrute ?
Un ouvrier compétant
Un ouvrier autonome.
Un ouvrier vaillant
Un ouvrier qui accepte d’être payé au lance pierre, pas cher.
Pas mal de contradictions…
Comment on peut être compétant et autonome tout en étant trop con pour accepter d’être payé au lance pierre ?
Prenons 2 ouvriers qui ont la même tache à faire.
Le premier va courrir partout de manière effectuant sa tache en s’adaptant au coup par coup.
Le second, paisible, va prendre son temps à bien préparer ce qu’il a à faire s’organiser etc en marchant tranquillement etc…
Au final, les 2 ont finis leur taches en même temps.
Mais qui aura le plus de mérite aux yeux du chef ?
Celui qui passe sont temps à courrir partout de manière désordonnée. Car le seul truc que le chef voie : « il est vaillant le gars ! ».
C’est un cas vécu.
Je me suis retrouvé à me faire engueuler car le désordonné avait déjà commencé sa tache alors que moi j’étais en train de préparer.
Il n’a pas vu qu’au final, on a fini ensemble sauf que j’étais moins crevé car j’ai pas couru partout.
Je marche donc je suis un fainéant.
C’est typique effectivement.
On peut d’ailleurs se demander si, en les laissant s’organiser tous les deux – l’un préparant efficacement et l’autre optimisant son énergie -, ils n’auraient pas une meilleure productivité qu’en réalisant chacun leurs tâches de leur côté.
C’est en tout cas les hypothèses posées par les nouvelles formes de management. Et elles se vérifient bien souvent!
PS: Je suis bien d’accord, médiocratie est un joli nom pour habiller des concepts préexistants.