Mise à jour le 08/01/2018.

Devenir autoentrepreneur micro-entrepreneur est une solution à laquelle nous avons peut-être tous songé. Que ce soit parce qu’on a une idée de business à développer, qu’on souhaite créer son propre emploi ou qu’on ne peut plus supporter son chef. L’auto-entrepreneuriat apparaît comme un bon moyen de s’en sortir. Se mettre à son compte a de nombreux attraits, plus d’horaires à respecter ou d’ordres idiots à suivre, le plaisir de faire un travail qui nous passionne, la satisfaction d’avoir construit soi-même sa réussite. Encore faut-il ne pas se planter au bout de six mois… Le guide du débrouillard a quelques conseils à vous apporter en la matière. 10 étapes à suivre pour mettre toutes les chances de succès de vôtre côté.

1. Démerdez-vous pour être inscrit à Pôle Emploi

 Cela peut paraître idiot dit comme ça, mais, en France, être officiellement demandeur d’emploi vous apporte beaucoup d’avantages lors de la création d’une entreprise. Soutien, accès aux formations, réunions d’information, aides diverses sont autant de bienfaits assurés par Pôle Emploi. Si vous n’êtes pas inscrit à Pôle Emploi, faites le au plus vite, même si vous êtes actuellement salarié. Surveillez votre actualisation mensuelle comme le lait sur le feu, vous devez impérativement être inscrit à la date de création de votre activité d’auto-entrepreneur.

En premier lieu (et si ce n’est pas déjà le cas), faites savoir à votre conseiller que vous souhaitez créer une entreprise et que vous allez étudier votre projet. Assurez-vous qu’il vous transfère bien dans la catégorie D. Il s’agit de la catégorie des demandeurs d’emploi non tenus de faire des démarches positives de recherche d’emploi. Félicitations! Vous êtes maintenant officiellement considérés comme un futur créateur d’entreprise par Pôle Emploi. Fini le suivi mensuel avec votre conseiller pour éplucher les offres auxquelles vous avez postulé. Du temps vient de se libérer que vous allez pouvoir consacrer à votre projet!

L’un des avantages (et non des moindres!) de Pôle Emploi, c’est d’assurer la prise en charge du coût pédagogique des formations. En langage courant, le Pôle Emploi peut vous offrir une formation, peu importe le domaine. L’occasion pour vous de faire le point sur ce que vous voulez faire, sur ce que vous savez faire et ce qu’il vous manque. Une formation existe pour compenser ce qu’il vous manque? Foncez! Une petite astuce pour convaincre un conseiller réticent ou une conseillère dubitative, présentez la formation qui vous intéresse comme un élément indispensable de la faisabilité de votre projet (voir étape 2). La formation a lieu loin de chez vous? N’oubliez pas qu’il existe également des aides pour les frais annexes de formation (transport, repas, hébergement) et même une directement proposée par Pôle Emploi, l’Aide à la mobilité.

Le dernier élément important à bien se rappeler avec Pôle Emploi concerne le lancement de votre activité d’auto-entrepreneur et les premières années d’exploitation. Être demandeur d’emploi indemnisé ou inscrit depuis plus de 6 mois au cours des 18 derniers mois vous permet de solliciter l’ACCRE lors de la création de votre activité. A noter que les moins de 25 ans, les bénéficiaires du RSA et d’autres catégories sont également éligibles à cette aide. L’ACCRE est une exonération d’une partie des cotisations sociales que vous devrez payer sur votre revenu d’activité. Pour vous, en tant qu’auto-entrepreneur, les cotisations sociales seront payées en pourcentage de votre chiffre d’affaires. Un des avantages certains de ce régime qui évite d’avoir à payer ces fameuses cotisations si vous n’avez pas réalisé de chiffre d’affaires du tout. Cela dit, si vous suivez bien les étapes du débrouillard, cela ne devrait pas se produire.

Être bénéficiaire de l’ACCRE vous permettra également de prétendre à un maintien de vos ARE lors de la création, ou à un versement direct d’une partie de vos droit restants, l’ARCE. Évidemment, tout ça n’est valable que si vous êtes indemnisé par Pôle Emploi. Si vous êtes inscrit et que vous ne percevez plus d’indemnités, pensez à solliciter le RSA. Si vous êtes actuellement salarié, la seule solution « propre » est de signer une rupture conventionnelle avec votre employeur. Une démission ne vous permettrait pas d’être indemnisé. Vous pouvez également chercher à vous faire licencier pour pouvoir prétendre à vos allocations chômage, mais c’est à vos risques et péril !

On a fait le tour de ce que peut apporter Pôle Emploi à un créateur d’entreprise, comme vous pouvez le voir, ça vaut le coup d’y aller et de perdre un peu de temps tous les mois à s’actualiser.

2. Vérifiez la faisabilité, la viabilité et la rentabilité du projet

Un bon projet d’entreprise, c’est avant tout un projet qui est en accord avec qui vous êtes, ce que vous savez faire, ce que vous avez envie de faire. Être à son compte, ça nous fait tous rêver, mais ça demande aussi une sacrée discipline. C’est toujours plus facile de se motiver à faire les choses quand les choses en question nous passionnent. Alors songez-y bien dès le début, votre projet est-il le bon? Est-ce qu’il vous convient? Est-ce que vous avez toutes les cartes en main pour le mener à bien? La faisabilité d’un projet, c’est tout ça à la fois. Il vous faut répondre à cette question : « est-ce que moi, j’ai tout ce qu’il faut pour réussir ce projet? » C’est déjà très probablement le cas. Réfléchissez aussi à ce qu’il vous manque et faites-en l’inventaire. Il s’agit des freins à la faisabilité de votre projet. Ne laissez jamais personne vous dire qu’un projet  est infaisable. Des projets infaisables n’existent pas, il n’existe que des projets où les freins sont trop important pour permettre une création immédiate. Que vous souhaitiez reprendre une boulangerie sans le diplôme de boulanger ou créer le premier SPA sur Mars importe peu. Ce n’est pas infaisable. Ce n’est juste pas faisable pour l’instant. Il ne s’agit que de mettre en œuvre les moyens nécessaires à la réalisation. Évidemment, se former pour obtenir le diplôme de boulanger sera plus facile que d’assurer la terraformation de Mars… Oh, et méfiez-vous aussi de ceux qui vous disent que votre projet est faisable et qu’il sera forcément un franc succès. Vous n’en serez jamais sûr à 100% et ceux qui disent le contraire sont trop enthousiastes ou cherchent à vous vendre quelque chose.

Une fois la faisabilité de votre projet établie, les freins identifiés et le nécessaire fait pour les lever, vous allez pouvoir travailler à la viabilité de votre projet. Autrement dit, y a-t-il des clients pour ce que vous avez à offrir? A ce stade, il est important de bien définir ce que vous voulez vendre, à qui vous souhaitez le vendre et par quel biais vous allez réaliser ces ventes. Que ce soient des accessoires en cuir vendu aux chalands sur les marchés ou une application révolutionnaire destinée aux professionnels du bâtiment sur les stores d’Apple et de Google, vous devez être capable de résumer en quelques mots simples votre offre principale, son ou ses destinataires et votre mode de distribution. Il s’agit de la base de l’étude de votre projet. Vous pourrez ensuite étudier l’environnement de votre offre, la règlementation à respecter (voir étape 4), les différents types de clients que vous comptez approcher, les concurrents auxquels vous devrez faire face et les fournisseurs avec lesquels vous travaillerez. Assurez-vous d’avoir une vision d’ensemble de votre secteur. C’est ce qui vous permettra d’établir si ce que vous envisagez est une activité viable, c’est à dire pour laquelle il y a une réelle demande. Cette demande doit d’ailleurs se matérialiser par des clients capables de payer pour ce que vous leur proposez. Déterminer la viabilité de votre projet nécessite bien souvent d’aller se frotter au terrain pour rencontrer les concurrents et les futurs clients afin d’aiguiser votre offre auprès d’eux.

J'suis pas sûr... rentable ou pompe à fric ?Votre projet est faisable? A priori il sera viable également? Il faut maintenant en démontrer la rentabilité. Ne nous leurrons pas, ce qui intéresse un créateur d’entreprise c’est de réussir à vivre de son projet. Pour déterminer cette rentabilité, seul un prévisionnel financier détaillé pourra vous aider. Attention, un prévisionnel n’est pas une chose aisée à lire et encore moins à réaliser. Si vous n’êtes pas familier de cet exercice, faites-vous aider (voir étape 3).

Quelques petites astuces pour mieux déterminer la rentabilité de votre projet :

  • Évaluer quel est votre minimum vital. Répertoriez toutes les entrées d’argent mensuelles de votre foyer (en prenant bien garde de ne conserver que celles qui existeront toujours après la création de votre entreprise). Soustrayez toutes vos dépenses mensuelles, y compris votre budget nourriture, habillement et loisirs. N’oubliez pas de tenir compte de certaines dépenses annuelles (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, impôt foncier, etc.) en les ramenant au prorata mensuel. Ce qui reste est positif? Vous êtes chanceux, on ne va pas se le cacher, vous n’avez pas besoin que votre entreprise vous rapporte d’argent… un souci de moins. Ce qui reste est plus probablement négatif? Oui, hein… et bien c’est ce que votre entreprise va devoir vous rapporter en rémunération mensuelle. Très rapidement d’ailleurs si vous voulez pouvoir en vivre. Gardez bien ce chiffre à l’esprit, il vous sera utile plus tard pour déterminer si votre entreprise est rentable POUR VOUS.
  • Évaluez un chiffre d’affaires prévisionnel. Personne n’est capable de prédire l’avenir et de savoir quel chiffre vous ferez, mais se donner des objectifs est très important (voir étape 6).
  • Évaluez quels sont les moyens à mettre en œuvre. Il va sans doute vous falloir un peu de matériel pour démarrer, un peu d’argent d’avance pour aller voir les clients (voir étape 8), de quoi s’imprimer des cartes de visites ou de la pub sur internet (voir étape 5). Faites l’inventaire de toutes ces dépenses, il va falloir prévoir de les financer.

3. Faites-vous accompagner

Comme on a pu le voir, établir la faisabilité, la viabilité et la rentabilité du projet est une étape très importante. La mauvaise nouvelle, c’est que ce n’est vraiment pas simple et parfois particulièrement fastidieux, il y a souvent de quoi en baisser les bras. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez vous faire accompagner par des professionnels. Le plus souvent gratuitement, ce qui – avouons-le – ne gâche rien!

Vous avez peut-être déjà entendu le terme « business plan » ou « dossier d’affaires ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas un exercice réservé aux gros projets de création d’entreprise. Un business plan n’est ni plus ni moins qu’un cahier des charges de votre projet établissant sa faisabilité, sa viabilité et sa rentabilité. Savoir où l’on va est important, qu’on veuille vendre des pizzas dans un food truck ou fonder une future multinationale (et les deux ne sont pas incompatibles!). Le rôle premier des accompagnateurs à la création d’entreprise est de vous aider à formaliser ce document et le prévisionnel financier qui va avec.

Outre un regard extérieur et expérimenté, ces accompagnateurs pourront également vous apporter des conseils sur les conséquences de vos décisions stratégiques ou encore des outils pour faciliter l’étude de votre projet. Ne négligez pas leur assistance, ils se révèleront toujours d’une aide précieuse. Vous les trouverez au sein des différentes chambres consulaires, la CCI pour les projets commerciaux ou libéraux non règlementés et la CMA pour les artisans ou prestataires de services. Si vous souhaitez devenir agriculteur, vous ne pourrez pas être auto-entrepreneur. Rapprochez-vous de la Chambre d’Agriculture ou de la MSA pour découvrir le statut de cotisant solidaire. Vous pouvez également vous tourner vers d’autres acteurs comme le réseau d’aide à la création d’entreprise BGE ou les Écoles de projets. L’essentiel est que vous ne soyez pas seul dans la préparation de votre projet. Soyez également prêt à vous donner le temps d’étudier votre projet. Une création d’entreprise réussie nécessite en moyenne six mois d’étude du projet avant de se lancer. Trop de précipitation mène bien souvent à la catastrophe à court terme.

Pour finir, parlons chiffres. Selon la dernière enquête de l’INSEE (2010-2015) concernant la pérennité des entreprises, en moyenne, 60% des entreprises survivent aux 5 premières années d’activité. Les entreprises accompagnées, elles, ont un taux de pérennité à 5 ans de 70%. 10 points de mieux ce n’est pas rien quand on mise son avenir sur un projet !

4. Renseignez-vous sur les obligations légales

Même si la gestion administrative est simplifiée pour les auto-entrepreneurs, vous devez tout-même respecter quelques règles. La tenue d’un journal des recettes est notamment obligatoire ainsi qu’un journal des achats dans le cas des activités commerciales. Quelques mentions légales sont également à faire figurer sur vos devis et facture. Heureusement, le site officiel des auto-entrepreneurs met à votre disposition toutes les informations indispensables ainsi que des modèles de journaux, devis et factures.

Il va pas le faire sous le nez de la répression des fraudes quand même ? Et si...Identifiez de quelle chambre vous dépendez, renseignez vous sur d’éventuel frais de création (frais d’inscription au répertoire des métiers obligatoire pour la Chambre des Métiers et d’Artisanat – MàJ 2015: Ce n’est plus le cas, mais une inscription directement auprès du CFE de la CMA entraînera des frais de dossier.). Connaissez sur le bout des doigts le taux de vos cotisations sociales en fonction de vos sources de chiffre d’affaires, le taux de cotisation à la formation professionnelle, les effets de l’ACCRE sur vos cotisations sociales, etc. N’oubliez pas que vous devrez choisir si vous souhaitez opter pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu (payé tout au long de l’année en même temps que vos cotisations sociales, lui aussi en pourcentage de votre chiffre d’affaires – une forme de prélèvement à la source en somme). Il vous faudra également choisir l’organisme qui gèrera vos cotisations maladies, identifiez celui qui couvre votre région avant de vous inscrire.

Méfiez-vous, il est fort probable que ces obligations liées à votre statut d’auto-entrepreneur ne soient pas les seules à respecter. L’accès à certaines professions – notamment dans le bâtiment – est règlementé et nécessite un diplôme qui vous sera demandé lors de la création de votre activité. L’utilisation de certains matériel ou outils nécessite parfois une certification. Les marchandises vendues doivent être autorisées à la mise sur le marché européen. Certaines professions libérales sont règlementées, un site de eCommerce doit comporter certaines mentions légales. Etc.

En somme, penchez-vous sur toutes les règles qui peuvent régir votre activité. Nul n’est sensé ignorer la loi, alors si vous avez négligé un aspect règlementaire, vous en serez tenu pour intégralement responsable. Un coup d’arrêt pour votre projet, avant même qu’il ait eu le temps de décoller, avouez que ce serait dommage.

Et dernier point, attention aux arnaques ou aux dépenses inutiles. Le fichier des micro-entrepreneurs est vendu à des entreprises pas toujours délicates. Un micro-entrepreneur n’a que deux choses à régler de part son statut, ses cotisations sociales (accompagnées du prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu si vous l’avez choisi) et la cotisation foncière des entreprises. Alors si vous recevez ce qui ressemble à une facture d’une boîte s’appelant RSI pour Répertoire Super cool des Indépendants à 1200€ l’inscription annuelle… il y a probablement baleine sous gravillon.

5. Préparez un plan de communication

Dans mon métier, j’entends souvent de futurs créateurs ou créatrices me dire : « Moi, ma communication ce sera le bouche-à-oreille. » Si, vous aussi, vous envisagez une stratégie de communication reposant sur ce fameux bouche-à-oreille… j’ai une mauvaise nouvelle pour vous, le bouche-à-oreille, ce n’est pas de la communication. Attention, entendons-nous bien, je ne suis pas en train de vous dire que le bouche-à-oreille n’existe pas! Bien évidemment qu’il existe et qu’il produit des effets visibles. Mais ce n’est pas une stratégie, c’est un phénomène. Comme tout phénomène, vous pouvez – vous devez! – essayer de l’influencer. Proposer des tarifs attractifs, produire du travail de qualité, assurer une relation client agréable et mémorable sont autant de points auxquels vous attacherez de l’importance si vous souhaitez bénéficier d’un bouche-à-oreille favorable. Mais nous sommes en France, on considère qu’au mieux, un client satisfait vous fera gagner un ou deux clients. Au contraire, un client insatisfait vous fera mauvaise presse auprès d’une petite dizaine de personne au moins. Reconnaissons que nous adorons nous plaindre. Un indépendant qui travaille depuis une quinzaine d’années peut sans doute compter uniquement sur le bouche-à-oreille (s’il est positif!) pour remplir son carnet de commande – mais rien n’est garanti. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut avoir déjà beaucoup de clients pour que cette dynamique soit valable à elle seule. Une stratégie de communication sert à ça: faire venir un maximum de clients à vous, le plus vite possible après le lancement de votre activité. Voire, si c’est possible, carrément avant (voir étape 9).

Préparez-donc votre communication! Identifiez précisément qui sont vos clients cibles, caractérisez-les au maximum (tranche d’âge, sexe, emploi occupé, centres d’intérêts, etc.) vous saurez ainsi comment et où les toucher. Regardez aussi comment communiquent vos concurrents. Un concurrent qui existe depuis plus de cinq ans a très probablement trouvé la bonne recette pour se faire connaître, inutile de réinventer la poudre. Une bonne communication, on peut la comparer à du tir à l’arc. Pour communiquer efficacement, vous devez avoir une cible identifiée, un message unique à faire passer et un medium adapté à la cible et au message : une cible, une flèche, un arc. N’essayez pas de toucher plusieurs cibles différentes à la fois avec un message, tout comme une flèche ne peut pas atteindre plusieurs cibles, votre message doit être adapté à la cible. Un message unique ne touchera donc pas plusieurs typologies de client différentes. N’essayez pas de faire passer plusieurs messages à la fois, il n’y a que dans les films qu’on peut mettre trois flèches sur son arc et toucher quinze cibles différentes à la fois. Dans la réalité, les trois flèches s’écrasent au sol à deux mètres de vous… Enfin, utiliser le bon support pour votre communication, le bon canal de diffusion et faites en sortes qu’il soit adapté au message et à la clientèle visée. Tout comme il existe de nombreux type d’arcs adaptés à toutes sortes d’activités (la chasse, la compétition, le tir instinctif, etc.) avec chacun leur type de flèches adaptées, vous n’obtiendrez pas de bons résultats en mélangeant les genres.

Ne confondez pas publicité et prospection. Lorsqu’on travaille avec des particuliers, on va faire de la publicité pour essayer de toucher un maximum de clients cibles avec une seule campagne. Quand on travaille avec des professionnels, on va faire de la prospection, lister les clients pros qui pourraient être intéressés par ce que l’on propose et les contacter un à un pour essayer d’obtenir un rendez-vous. Utilisez donc une stratégie qui soit toujours adaptée à votre objectif, mais prévoyez une stratégie ! N’attendez pas que l’entreprise ait trois mois d’activité pour vous rendre compte que sans communication vous n’avez pas assez de clients pour en vivre !

6. Fixez-vous des objectifs de chiffre d’affaires

Pour commencer, un peu de vocabulaire: par chiffre d’affaires on entend l’ensemble des entrées d’argent issues d’une vente de produit ou de service. Autrement dit, tout ce qui rentre grâce à vos ventes! Attention à ne pas le confondre avec le bénéfice qui est ce qui reste une fois qu’on a retiré de ce qui est entré tout ce qu’il a fallu débourser. Le chiffre d’affaires prévisionnel désigne une évaluation des ventes que vous pouvez espérer réaliser. Généralement, on fait l’évaluation sur les trois premières années d’activité. Encore une fois, je vous entends : « c’est carrément impossible de prédire l’avenir, impossible de savoir ce que je vais faire comme chiffre d’affaires! » Et là aussi, vous avez raison, si on pouvait prévoir avec 100% d’exactitude le chiffre d’affaires qu’on va réaliser, il n’y aurait plus aucun risque à monter une boîte. Pourtant, on peut travailler à se fixer des objectifs réalistes de chiffre d’affaires.

Trois manières d’estimer un chiffre d’affaires prévisionnels :

  • La méthode statistique. Elle consiste à évaluer quelle est la clientèle potentielle sur votre secteur d’activité et la zone géographique sur laquelle vous travaillez, à connaître sur cette même zone l’importance de la concurrence et son poids sur le marché, à évaluer au plus juste les parts de marchés que vous allez pouvoir accaparer (on appelle ça le taux de pénétration). Ce n’est pas une méthode évidente à mettre en œuvre mais c’est souvent celle qui apporte les résultats les plus justes. Un bon conseiller pourra vous aider à la mettre en œuvre (voir étapes 3).
  • L’étude de la concurrence. Il y a de bonnes chances pour qu’un concurrent auto-entrepreneur comme vous réalise grosso modo le même chiffre d’affaires. Alors si vous arrivez à obtenir l’info (ce n’est pas forcément évident, il faut souvent être un peu roublard pour étudier la concurrence), vous pourrez considérer qu’un chiffre d’affaires similaire est probablement ce qui vous attend.
  • L’évaluation de votre productivité maximale. Il n’y a qu’un certain nombre d’heure par jour, de jours par semaine et de semaines par an. Il y a donc une limite au boulot que vous pouvez abattre seul. Essayez de déterminer cette limite (en tenant compte du temps qu’il va vous falloir pour chercher des clients et pour faire la gestion administrative et financière de votre activité). Vous êtes sûr que votre chiffre affaires sera une fraction de cette productivité maximale.

Au final, le mieux est encore d’utiliser les trois méthodes afin de voir si vous arrivez à des résultats similaires, si c’est le cas, votre évaluation est très probablement juste – proche de la réalité en tout cas. N’oubliez pas de tenir compte de la croissance de votre activité, les premiers mois seront sans doute beaucoup moins riches en chiffre d’affaires que ceux que vous pouvez espérer au bout de deux ans d’activité.

Un dernier conseil, utilisez cette évaluation pour vous fixer des indicateurs de performance. Ainsi, vous pourrez suivre facilement – au mois le mois – si le travail abattu correspond à vos prévisions. Ces indicateurs devraient également vous permettre de savoir combien vous pouvez vous rémunérer chaque mois.

7. Envisagez les autres solutions

Il n’y a pas que l’auto-entrepreneur comme statut juridique en France. Ne vous précipitez pas dans cette voie avant d’avoir envisagé les autres solutions. L’auto-entrepreneuriat ne présente pas que des avantages, même si le fait de payer ses cotisations sociales en pourcentage de son chiffre d’affaires est très rassurant lorsqu’on lance son activité.

Pour les indépendants, il existe le portage salarial qui peut être très intéressant. Le portage salarial apporte une plus grande sécurité aux indépendants (meilleure protection sociale, cotisations chômage, amortisseur en cas d’impayés, etc.) en contrepartie d’un gain net légèrement inférieur à celui d’une entreprise plus classique. Il existe de nombreuses sociétés de portage salariale. Initialement dédié aux professions libérales, on en trouve maintenant pour les prestataires de services ou les artisans du bâtiment. Plus originale et éthique, la coopérative d’entrepreneurs Oxalys vous permettra d’intégrer une société à laquelle vous participerez, un réseau de professionnels avec lesquels travailler, tout en conservant votre indépendance.

Évaluez également si votre chiffre d’affaires ne risque pas de vous éjecter trop rapidement du système de l’auto-entrepreneur. La transition vers un autre régime social et fiscal n’est pas forcément indolore pour une entreprise, notamment en raison de l’exonération de TVA dont bénéficient les activités au réel simplifié. Attention donc à pouvoir être compétitif et à ne pas devoir subir cette épreuve trop tôt.

Là encore, un conseil de professionnel de la création d’entreprise peut-être une excellente idée pour vous aider à faire le tri dans toutes les solutions possibles.

8. Constituez un fond de roulement dès le début

Un des gros avantages du micro-entrepreneur, c’est l’absence de frais de création. De là à croire qu’on peut démarrer son auto-entreprise sans rien y investir, il n’y a qu’un pas… qu’on vous déconseille absolument de franchir. Ceux qui vous disent qu’ils ont démarré leur activité sans rien n’ont tout simplement pas conscience des frais qu’ils y ont engagés.

Même si l’on ne compte pas tous les apports en nature que vous allez faire pour votre activité (un ordinateur pour travailler, un véhicule pour aller voir les clients, une imprimante pour la paperasse, etc.) il restera toujours des frais à couvrir pour faire fonctionner la boîte. Il vous faut un abonnement téléphonique pour appeler les futurs clients, du carburant à mettre dans le véhicule, de quoi payer les frais bancaires et les assurances, etc. Bref, une activité qui n’entraîne aucune dépense, ça n’existe pas.

Prenez donc les devants en évaluant quels sont vos coûts de fonctionnement et prévoyez d’en financer quelques semaines ou quelques mois d’avance. Cela vous permettra d’être plus serein dans votre recherche de clients au démarrage. N’oubliez jamais que la plupart des activités ont un besoin en fonds de roulement positif. Autrement dit, elles ont des dépenses à engager avant de pouvoir réaliser du chiffre d’affaires. Vous devriez toujours avoir ce BFR à l’esprit et conserver sur votre compte en banque de quoi le couvrir.

Enfin, l’intérêt de ce matelas de trésorerie est aussi de vous permettre de faire face à l’imprévu qui se traduit immanquablement par une dépense supplémentaire. On ne peut pas tout anticiper, sachant ça, autant se prémunir des effets désastreux des mauvaises surprises en ayant de quoi les traiter rapidement.

9. Démarrez au dernier moment

Auto-entrepreneur ? Like a boss !Si vous avez bien lu toutes ces étapes, notamment celle concernant les bénéfices de l’ACCRE (voir étape 1), l’intérêt de retarder au maximum le démarrage de l’activité devrait être une évidence. C’est au démarrage que vous bénéficierez du taux de cotisations sociales le plus intéressants si vous pouvez avoir l’ACCRE. L’écueil, c’est de passer ces premiers mois sans chiffre d’affaires parce que vous n’avez pas encore de clients. Dommage quand même…

N’hésitez donc pas à réaliser une pré-prospection. Rencontrez vos futurs clients au plus tôt s’ils sont des professionnels. S’il s’agit de particuliers, préparez toute votre communication en amont pour pouvoir lancer votre campagne dès le premier jour d’activité. Essayez d’avoir un carnet de commande bien rempli ou au moins un premier devis avant de démarrer !

Il n’est pas légal d’émettre des devis alors que l’entreprise n’est pas encore créée mais vous pouvez créer une entreprise à une date antérieure à celle du dépôt de votre dossier. Assurez-vous que vos devis respectent ces quelques principes pour vous assurer vous assurer de rester dans les clous de la légalité:

  • Ils doivent contenir toutes les mentions légales en vigueur pour votre activité (voir étape 4).
  • A la mention SIRET, vous devez indiquer impérativement « en cours d’immatriculation ».
  • Si l’un de vos clients potentiels signe l’un de vos devis, vous devez impérativement créer immédiatement votre activité de micro-entrepreneur en choisissant comme date de début d’activité une date antérieure ou égale à la date de signature de ce premier devis.

Comme ça, vous optimisez au mieux l’ACCRE et vous êtes sûr de faire rentrer du chiffre d’affaires au plus tôt. Vous pouvez même préparer sur internet votre dossier de création d’entreprise pour n’avoir plus que la validation à effectuer lorsque votre premier client se présente.

N’oubliez pas que votre numéro SIRET ne doit pas forcément apparaître sur l’ensemble de votre communication (obligatoire sur devis et facture uniquement). Vous n’avez pas besoin d’être immatriculé pour faire imprimer des cartes de visite ou des plaquettes présentant votre activité (surtout si vous utilisez des solutions gratuites pour ça).

10. Suivez la gestion une fois lancé

Pour finir, rappelons qu’un entrepreneur devrait toujours – et je dis bien toujours! – suivre la gestion financière de son activité. Vous devriez pouvoir dire en quelques clics où vous en êtes de votre chiffre d’affaires mensuel (et s’il correspond à vos prévisions), où en sont vos dépenses, quelle rémunération vous pouvez envisager pour le mois en cours, quel est l’état de votre trésorerie, etc.

Vous pouvez construire vos propres outils de suivi de votre activité avec un simple tableur. Vous pouvez également vous pencher sur les solutions disponibles. Il existe de nombreux logiciels de gestion, certains dédiés aux auto-entrepreneurs. Certains sont mêmes gratuits, donc pourquoi se priver? Personnellement, j’utilise Dolibarr, aussi bien pour mon activité indépendante que pour le suivi de gestion de société ou encore pour mon association sportive !

L’important c’est que vous assuriez le suivi de votre activité au plus juste. Pour se faire, le guide du débrouillard vous rappelle qu’un compte en banque dédié à votre activité sur lequel vous encaisserez vos prestations et depuis lequel vous ferez toutes les dépenses liées à votre business est obligatoire – et bien pratique ! Attention, un compte pro n’est pas indispensable pour les micro-entrepreneurs, vous pouvez vous contenter d’un simple compte courant de particulier (c’est nettement moins cher!). Pensez simplement qu’un compte séparé vous permettra de suivre au plus près votre activité.

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter toute la réussite possible dans votre activité. Et n’oubliez pas qu’un accompagnement augmente sensiblement vos chances de succès!

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